Jay Electronica / L'art du Hip Hop prophétique

Publié le par Jam

J'ai toujours été fasciné par les figures prophétiques. Qu'elles soient islamiques, judaïques, ou bibliques, leurs charismes rédempteurs m'a toujours frappé de plein fouet avec la même force destructrice que les puissantes déflagrations au nom de putes slaves qui s'abattent sur les côtes insouciantes de nos continents. C'est comme ça, j'y peux rien, je suis un panthéiste mystique qui voit dans l'impénétrabilité des voix du Seigneur une forme de vénusté quasi-salutaire. Panthéiste et masochiste, je suis décidemment irratrapable. 

 

C'est peut-être la course effrénée que mène le monde (et nous avec) dans cette infâme partouze qui régit nos vies depuis qu'un lévrier afghan enturbanné a décidé qu'il commencerait bien le nouveau millénaire en foutant un bordel monstre qui me fait cet effet, allez savoir. Mon besoin irrascible d'espoir ferait se tordre de rire n'importe quel syndicaliste de l'athéisme, mais je m'en tape. Mon problème, c'est que je suis un blazé doublé d'un passéiste. Je ressens la nécessité de voir des messies un peu partout, juste pour qu'on me prouve qu'on ne tourne pas en rond comme des cons en orbite depuis maintenant près d'un demi-siècle. Plus qu'une nécessité, c'est plus ou moins la seule exigence que j'ai quant à la vie (ça, plus la coke, les putes, une villa sur la côte, le compte en banque de Shawn Carter et le torse musclé de Boris Vandetta-Boillon). Facheusement donc, je vois des messies partout : dans le foot (Zizou, pour ne pas citer la pulga argentine), en littérature (Nabe, evidemment) et -bien sur- en musique. C'est, et vous l'aurez compris, dans la stature holyfieldesque de Timothy Thedford que s'est incarné ma fervente lubie. Pour cause, ce mec a même pas encore sorti sa Galette Sainte qu'il est, pour moi, déjà aussi classique qu'une Atari. 

 

Atari-2600.jpg

 

They call me Jay Electronica/Fuck that/Call me Jay ElecHannukah/Jay ElecYarmukle/Jay ElecRamadaan Muhammad Asalaamica Rasoul Allah Supana Watallah through your monitor. Voilà. Je pourrais arrêter cet article à cette phase si exaltée qu'elle peut prétendre supplanter la force du bénédicité. Mais, je sais que je vous trépignez d'impatience à l'idée d'approfondir cette exégèse thé(rap)eutique, et je vous comprends bien. Jay Electronica, c'est l'explosion de talent concentré qui risque de tâcher pas mal de Wack Mc's, imbus d'eux-même et de leurs musiques de boites de nuit pseudo-ghetto. Sa signature, annoncée en grande pompe, chez Roc Nation a du provoquer pas mal de descentes d'organes chez les imposteurs du H/H qui culminent au sommet des charts depuis maintenant quelques années. Je sais, je m'enflamme, mais j'adore ça moi : quand on voit la vraie nature des cuistres. 

 

Jay-Electronica.jpg

 

A la première écoute de son titre phare Exhibit C (produit par un Just Blaze plus qu'inspiré), j'ai eu l'impression rare d'assister à la naissance artistique d'un génie. J'ai une tendance marseillaise à l'exagération certes, mais cette sensation d'une durée de 5 minutes et 33 secondes (multipliée par je ne sais combien d'écoutes depuis) a insuflé en moi l'espoir de voir un jour le Hip Hop s'élever au panthéon de la Musique, dans la lignée de ses pères et mères que sont le blues et la soul. Le travail lyriciste fourni par Jay Electronica prouve qu'on peut aisément avoir un blaze un peu pourri et une plume d'or constrastant de manière presque insolente avec les oripeaux qui servent aux autoproclamés G.O.A.T (pour Greatest Of All Time) de griffoner leur bouillie lyricale. 

D'autant plus qu'il faut ajouter à ça un charisme indéniable, le calme apparent du mec qui en a vécu, et des sponsors de taille : Mos Def et Nas (pour ne citer qu'eux) ne tarissent pas d'éloges sur la possible capacité de Jay de révolutionner l'image du rap aux Etats-Unis, et par voix de conséquence, dans le monde. C'est là que le concept messaique entre en jeu : Jay Electronica est-il le mec capable de donner l'impulsion au Hip Hop pour passer (aux yeux de tous) du stade de sous-culture à celui de sub-culture réelle et effective ?

 

J'ai décidé de ne pas aller plus loin pour le moment. Non, pas par paresse, je vous vois venir. J'attends la sortie de son album, histoire de pouvoir juger de manière plus objective s'il est bel et bien le génie que je vois en lui, ou un simple surdoué (ce qui est déjà pas mal). 

 

Hop, ici pour les retardataires :

 


 

Publié dans Musique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article