A History Of Violence / Chronique d'un mec qui t'emmerde

Publié le par Jam

Je suis un mec violent. Postulat encore une fois confirmé ce matin alors que j'envisageais de faire bouillir dans l'acide la geignarde gamine de mon voisin de pallier. Pourtant, j'aime bien les mômes. Quand ils ne puent pas, ne parlent pas pour rien dire, ne me foutent pas de chocolat pleins les cheveux, et sont capables de tenir une discussion convenable sur la légitimité de la reformation récente du groupe NTM. J'admets ne pas en connaître beaucoup des comme ça, mais ça existe. Si si, j'vous jure. 

 

Ce caractère impulsif résulte sûrement du sang méditerranéen -et presque oriental- qui circule (sans nécessité de présenter ses papiers d'identité, pour une fois) dans mes veines. Ça fait partie de mon tempérament qui est très civilisé et barbare à la fois. J'suis quelque part dans la lignée de Constantin : sauvagement raffiné. Et j'emmerde quiconque trouverait cette oxymore un poil présomptueuse (même si elle l'est). J'aime les joutes -verbales, de préférence- et les conflits d'intérêt. On s'emmerderait grave si le climat consensuel qui s'installe confortablement dans nos sociétés occidentales de plus en plus policées venait à s'établir dans nos relations humaines. On se fait déjà assez chier comme ça à feindre un quelconque intérêt pour la majorité des choses qu'on fait pour, en plus, se coltiner des échanges humains aussi emmerdant qu'un dimanche chez Mémé. Si on a même plus le droit de narcissiser en paix, y nous reste quoi ? Les prêts à la consommation et les cuites du samedi ?

Je n'aime pas le terme de "non-violence". Il sent la dénégation. Un mec comme Gandhi, qu'était pas la moitié d'un con même s'il ressemblait plus à mon arrière grand-mère blédarde qu'au révolutionnaire qu'il fut, était violent, très violent de refuser de répondre aux coups par les coups. Le concept baba-cool du "tends l'autre joue" est un précepte terroriste, celui de l'homme qui veut forcer l'agresseur à réfléchir son acte et à retourner sa violence contre lui-même. L'humiliation de la victime passée à tabac par son bourreau n'est rien comparée à celle du bourreau qui, à cause de la non-défense intransigeante de sa victime, a soudain honte de la frapper. Si j'vous jure, ce raisonnement se tient quand on y fait gaffe. C'est bien le seul concept défendu par le mouvement hippie qui tient debout, avec les plaisirs charnels sous taz avec des nymphes californiennes en mini-short (encore que ce soit autre chose, ça). 

 

Surfeuse

 

Bref, je m'égare. J'ai passé une aussi mauvaise journée que celle de Disiz, même si -moi- j'ai pas dégommé la caissière du DoMac quand je me suis rendu compte qu'elle avait oublié ma sauce barbeuc'. C'est pas l'envie qui m'a manqué, mais je suis sorti sans mon harpon ce matin. Putain de logistique. Attention, hein. Je précise : je ne suis pas un bagarreur. En bon binoclard que je suis, j'aime pas trop engager une lutte qui risquerait de me pousser à entuber la Sécu pour un énième remboursement optical. Et puis, je n'aime les frictions corporelles que lorsqu'elles me procurent du plaisir.

 

Le soucis, dans cette ville de fous qu'est Paname, c'est que tu ressens une bonne vingtaine de fois par jour l'envie d'exploser rageusement -et à coup de talon, si possible- la gueule d'un énergumène lambda. Le buraliste qui te traite comme un merde à peine sorti du lit, alors que ton organisme crie "nicotine" aussi fort que le ventre d'un gamin du Sahel crie "famine" (elle est facile, je sais. Mais je suis fatigué). La caillera qui se permet de t'imposer un son de rap à la limite du supplice auditif. La rombière UMPiste qui te lance un regard fachosement désabusé de voir traîner ta gueule basanée dans les beaux-quartiers. La pétasse maquillée comme un carré d'as qui te bouscule au bar, alors que t'attends tranquillement ta bière salvatrice de fin de journée, dans le but ignominieux de commander un beverage copieusement sucré -genre Vodka/aspartame- pour ensuite se faire prendre en photo avec, histoire de montrer sur Facebook le soir même qu'elle a une vie de clubbeuse invétérée. Au passage, c'est ma préférée. Ridicule à souhait, je suis souvent plus ému par son rire -forcé- de poufiasse que par une chômeuse en fin de droit. 

 

Disiz-La-Peste.jpg

 

Quand tu sors pas de chez toi, c'est en regardant les infos que te vient l'idée saugrenue d'arracher ton laptop à sa prise murale et de le balancer par la fenêtre pour voir si ça vole tout en hurlant "Lord have mercy". Aujourd'hui, c'est les réactions quant l'affaire Galliano qui m'ont autant écoeuré qu'une choucroute au Nutella en guise de p'tit dèj. Sous prétexte que ce mec est un génie de la mode, on doit lui pardonner sa sortie antisémite de la semaine dernière. Bah oui, sinon on est un mouton qui plie l'échine face à l'intelligentsia bien-pensante. Plus que le coup de mauvaise pub fait à Dior (dont je me fous comme de mon premier slip, n'ayant de Dior qu'une bouteille de parfum jamais utilisée et achetée au black à un cousin de retour de Dubaï), c'est l'avancée du fameux -et très à la mode- argument de la lutte contre la bien-pensance pour minimiser des propos rastons, qui m'énerve. Sous couvert d'être contre l'éviction -certes exagérée- du génial britannique, certains se permettent de lâcher leurs haines anti-juifs. Défendre la liberté d'expression, c'est bien. Défendre la bêtise, c'est autre chose. Cette apologie du racisme me semble pathologiquement liée à l'affaire Zemmour (qui suit l'affaire Dieudonné, qui suit l'affaire Frêche, qui suit l'affaire Hortefeux, qui suit l'affaire Dreyfus... On peut remonter à l'affaire Caïn à ce rythme-là). Moi, j'ai rien contre les racistes, c'est eux qui ont quelque chose contre moi, pour paraphraser Desproges. Encore une fois, dire ce qu'on pense est sain. Utiliser un concept aussi grandiose que celui de la liberté d'expression pour assouvir ses pulsions xéno et cautionner la stigmatisation d'une communauté, ça me donne envie d'enfoncer des tisons enflammés dans l'anus de ces pseudo défenseurs des valeurs "franco-françaises". Ce que j'ai failli faire à un boutonneux de ma promo cet après-midi. Mais, j'avais oublié mon tison. C'est bien ce que je disais : putain de logistique. 

 

J-accuse--Zola.jpg

 

J'ai, une fois n'est pas coutume, réussi à perdre le fil en divaguant parmi les virgules. Je rassure les plus frileux d'entre vous : mon coté Yellowstone à deux doigts de la rupture est, bien heureusement, équilibré par l'amour de mon prochain (et plus souvent, de ma prochaine. mais c'est autre chose, ça aussi). Mal rasé, je fais illuminé. Sans lunettes, un accidenté qui s'en est sorti tout juste, un type qui est rentré la tête la première dans une étoile filante. Un mec comme vous, quoi. Un mec qui se demande si c'est pas possible de vivre ne serait-ce qu'une journée chez les Bisounours, tout en sachant pertinnement qu'il regretterait amèrement -et rapidement- ce monde complètement barge qu'il aime tant. 

 

Publié dans Life

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L
c'est pas "une" oxymore mais "un".<br /> Patapé.
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J
<br /> je suis souvent plus ému par son rire -forcé- de poufiasse que par une chômeuse en fin de droit.<br /> <br /> Ca me dit quelque chose....<br /> <br /> <br />
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